L’ORGUE POSITIF DE MONTHERON
Pierre Golaz (Décembre 99)
Dès le début du XVIIème siècle et jusqu’au milieu du XIXème, certaines régions de la Suisse alémanique connurent une extraordinaire floraison de petits facteurs d’orgues, la plupart n’ayant. qu’une formation d’artisans, menuisiers, forgerons, parfois même de simples paysans. Dans l’ensemble, ce sont plusieurs centaines d’orgues domestiques (« Hausorgeln », à ne pas confondre avec « Schwytzerörgeli » , un petit accordéon!) qui s’en vinrent décorer les « Wobnstuben » des fermes d’Appenzell, du Toggenburg ou de l’Emmenthal. Si malheureusement, une grande partie de ces instruments ont disparu, détruits et souvent vendus à l’étranger, il en subsiste encore quelques dizaines, en plus ou moins bon état, sources de joie, mais aussi de soucis pour leurs propriétaires. Cette caractéristique de l’art populaire alémanique avait éveillé, dans les années 1930, la curiosité de Walt Disney, lors d’un voyage d’étude en Suisse et lui aurait donné l’idée d’un orgue dans la maison des Nains de Blanche-Neige!
C’est l’un de ces précieux instruments que l’Amicale des Amis de l’Abbaye de Montheron a reçu, en souvenir de l’un de ses membres fondateurs, le regretté pasteur-organiste Jean Stooss, trop tôt disparu en septembre 1997. Nous sommes reconnaissants à sa famille pour ce don magnifique.
Quelle est l’histoire de notre positif? Hélas, il ne nous a pas été possible de remonter bien loin dans le temps. Par son style, il semble appartenir au type emmenthalois, de la région de Sumiswald mais, à notre connaissance, il n’est ni signé ni daté (la date de 1860, peinte sur le buffet en 1942, n’est pas garantie). Il a appartenu dans les années 1940 à une dame Emmi Läser dont nous ne savons rien sinon qu’elle a fait procéder à une série de transformations parfois radicales. Il y a un peu plus de vingt ans, il a été acquis par le pasteur Stooss à une famille de Sugier.
Tout au long de son siècle et demi d’existence, le petit orgue a vécu de nombreuses tribulations, non sans conséquences sur son état d’origine: usure et ‘vieillissement du bois, plusieurs déménagements, entretien plus ou moins approximatif et transformations pas toujours heureuses (clavier de piano à la place du clavier original,nouvelle décoration peinte du buffet dans le style des années quarante, remplacement de l’ancienne soufflerie, etc.) Cependant, l’essentiel du matériel sonore (tuyaux) a été conservé, ainsi que le sommier (caisse contenant les soupapes), la mécanique et une partie du buffet.
Caractéristiques de l’orgue (restauré par Monsieur Jean-François Mingot, facteur d’orgues à Lausanne) :
Origine: probablement Emmenthal – peut-être Sumiswald
Date: vers 1860?
Facteur: inconnu
Composition: Bourdon 8′ (bois -ancien)
Principal 8′ (depuis le 2ème do – 5 basses ouvertes, en bois 4e reste en métal en partie en façade -le tout ancien)
Flûte 4′ (2 octaves en bois, ancien – dessus en métal , modeme, d’origines diverses). Superoctave 2′ (1 octave bois, le reste métal, le tout ancien)
Buffet: en partie ancien, peintures modernes (1942?)
Soufflerie: moderne – moteur neuf depuis octobre 1998
Extrait audio de l’orgue Sumiswald, à l’orgue Daniel Thomas, Superoctave 2′ , puis Bourdon 8′, Flûte 4′, Superoctave 2′ , Gagliarda et Danza , Anonyme XVI e s:.
Daniel Thomas, à l’orgue et à l’èpinette italienne