Du Xème au XIIIème sècles, l’Europe médiévale et la Bourgogne en particulier, vivent un intense mouvement de renouveau spirituel. De nombreux jeunes gens à la foi ardente se consacrent à la vie religieuse et tentent de rendre à la règle de saint Benoît sa pureté originelle. Des communautés nouvelles se créent qui vont à leur tour se multiplier. De grands ordres naissent, regroupant les monastères issus d’une même maison-mère: Clunisiens, Chartreux, Prémontrés, Carmes et, surtout, Cisterciens.
histoire-montheronGrâce à la bienveillance de Girold de Faucigny (1107-1129) et de Guy de Marligny (1134-1143) – deux cisterciens devenus évêques de Lausanne – un certain Guillaume, venu de l’abbaye de Bellevau, fonde au fond du vallon de Pierre Ozaire (bois du Jorat, avant 1135) un monastère placé sous le vocable de Notre-Dame de la Grâce-Dieu, monastère déplacé quelques temps plus tard (vers 1145) dans le vallon de la Théla (ancien nom du Talent) dont il prend désormais le nom: Monasterium Thelæ devenu Montheron.
XIIe-XVe siècles
Comme la très grande majorité des abbayes cisterciennes, le plan du monastère de Montheron reprend le modèle dit «bernardin», lui-même héritier des principes distributifs de la villa romaine. Les bâtiments conventuels s’organisent autour d’un cloître. Au nord (parfois au sud), l’église, en forme de croix latine, orientée d’ouest en est. A l’est, prolongeant le bras sud du transept, la sacristie, l’armarium (bibliothèque), la salle capitulaire, le parloir et le scriptorium (salle des moines) avec, à l’étage, le dortoir des moines communiquant avec l’église par un escalier. Au sud, le réfectoire, les cuisines et leurs locaux annexes. Enfin à l’ouest, les locaux des frères convers, religieux qui, n’ayant pas prononcé les vœux traditionnels, ne partagent pas la vie conventuelle des moines.
XVIe-XIXe siècles
Reconstruite en style gothique à la fin du XVe siècle, suite à un incendie qui la détruisit en grande partie, l’abbatiale est sécularisée à la conquête bernoise (1536) et sert durant quelques années de lieu de culte. Mais, en mauvais état, trop grande, humide et sombre elle est abandonnée puis démolie, ainsi que les bâtiments conventuels qui l’entourent, à l’exception d’une partie de l’aile orientale. Le culte s’établit alors dans l’ancienne salle capitulaire (1592) transformée à cet effet (l’ancienne chapelle orientale devient porche d’entrée), local abandonné à son tour (1668) au profit de l’ancien dortoir des moines, situé à l’étage et au climat moins cru. En 1782, l’architecte William Fraisse agrandit l’église vers le Nord et construit la jolie façade baroque que l’on voit aujourd’hui au nord de l’édifice. De grandes fenêtres rendent l’intérieur moins sombre.
XXe-XXIe siècles
En 1930, l’architecte-archéologue Otto Schmidt entreprend une vaste campagne de fouilles. Les vestiges du complexe médiéval sont mis au jour, le plancher du temple exhaussé et ramené à peu près à sa hauteur primitive, rendant à nouveau possible l’accès à l’ancienne salle capitulaire. Les baies baroques cèdent la place aux fenêtres du XVIIe s., restituées et complétées. Un plafond cintré en bois remplace le plafond en plâtre du 18e siècle. En 1975, les fondations de l’église font l’objet d’un important travail d’assainissement, donnant lieu à une deuxième exploration archéologique des sols situés au pieds de l’église actuelle (W. Stöckli, archéologue).
Enfin, l’église a été récemment restaurée (2005-2007, C. Amsler, architecte, W. Stöckli, archéologue). Le travail d’assainissement des fondations entrepris en 1975 est alors poursuivi, les façades consolidées, les toitures réhabilitées. La façade nord a retrouvé à cette occasion un décor bicolor, restitué sur la base de vestiges découverts par les restaurateurs.
L’église de Montheron est propriété de la Ville de Lausanne. L’activité culturelle du site est animée par une association (Association des Amis de l’Abbaye de Montheron-AAAM) fondée en 1993 par W. Chevalley (†2006) et D. Thomas.